samedi 2 avril 2016

Documentaire : Top 14 et Super 18, les faux cousins germains


Souvent vendu comme le meilleur championnat du monde, le Top 14, en terme de jeu proposé, semble pourtant à des années-lumière du Super 18, qui nous procure sans cesse un spectacle époustouflant. Comment expliquer que le Top 14, malgré sa pléthore de stars, n’arrive pas à suivre le rythme du Super Rugby ? Dossier.

Regarder un match de Top 14 peut parfois nous apparaître comme une purge après s’être régalé devant une rencontre de Super 18 quelques heures plus tôt. À première vue, les deux compétitions ne proposent pas le même rugby : la philosophie de jeu du championnat de l’hémisphère sud semble même aux antipodes de celle développée dans le championnat français. Sans tomber dans le cliché du beau jeu, celui du Super Rugby est tout de même plus léché et plus porté vers l’offensive, là où le Top 14 est plus rugueux, fondé sur le combat et des phases arrêtées comme la mêlée. De ce fait, si le choix d’un ballon porté sonne comme une évidence lors d’une touche à cinq mètres de l’en-but adverse en France, il apparaît comme une possibilité parmi tant d’autres pour les équipes de l’hémisphère sud, qui favorisent constamment le jeu au large plutôt que l’enchaînement des départs au ras pour provoquer la faute de l’adversaire. C’est d’ailleurs cette différence qui peut notamment expliquer la difficulté d’adaptation de certains joueurs néo-zélandais ou australiens lorsqu’ils débarquent dans l’hexagone. Alors, pourquoi se plaît-on plus à regarder un match de Super 18 que de Top 14 ?

1ère raison : pas de relégation, plus de spectacle ?

Le fait que le Super Rugby soit un championnat cloisonné, sans système de montées et descentes, pourrait éclairer en partie cette divergence en terme de jeu proposé. Les joueurs seraient ainsi débarrassés de la peur de descendre en division inférieure et se focaliseraient uniquement sur le spectacle. Cependant, lorsque l’on compare les rencontres entre des équipes du haut de tableau de chaque championnat, on se rend compte qu’elles se soldent souvent par plus de 60 points inscrits dans l’hémisphère sud alors que dans l’hexagone, le score total dépasse péniblement la barre des 40 points un jour de « choc ».

2ème raison : un arbitrage plus souple, vraiment ?

En Top 14, les enjeux financiers sont tels que les fautes d’arbitrage peuvent avoir d’énormes conséquences. Dans le doute, les arbitres qui officient sur les pelouses du championnat de France préfèrent siffler que laisser une action échapper à leur vigilance. Une philosophie qui n’est pas partagée dans l’hémisphère sud, où les arbitres font preuve d’un peu plus de laxisme, dans « l’esprit du jeu », et évitent d’appeler systématiquement l’arbitrage vidéo concernant des phases de jeu à la limite de la règle.

3ème raison : une fraîcheur physique incomparable

La principale différence réside dans la durée respective de ces deux championnats : le Top 14 dure dix mois, le Super Rugby, cinq. Pendant la phase régulière, cela se traduit par un nombre de journées plus important en France, auquel viennent s’ajouter six rencontres de coupe d’Europe. À titre de comparaison, les internationaux Blacks et Springboks sont à priori dispensés de leurs compétitions domestiques (ITM Cup en Nouvelle-Zélande, Currie Cup en Afrique du Sud), sauf s’ils sont en phase de reprise après une longue blessure ou s’ils manquent de temps de jeu. Statistiquement, un joueur néo-zélandais peut jouer jusqu’à 20 matches avec sa franchise - phases finales incluses -, pendant qu’un joueur français peut, avec son club, jouer à 38 reprises, soit presque le double !

(Article rédigé par Keyvan Malavielle)

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire