lundi 5 mai 2014

TOP14 / USAP : 3 points qui changent tout


Après le revers encaissé à Clermont ce samedi (25-22), conjugué à la défaite bonifiée d'Oyonnax à Brive (19-17), l'USAP, monument du rugby français, dit au revoir à tout espoir de maintien. Après 103 de présence ininterrompue dans l'élite, les catalans vont quitter le Top 14. Dossier.

Condamné à l'exploit à Clermont, dont l'antre reste inviolée depuis maintenant 77 rencontres, le club de Perpignan a longtemps cru en ses forces. Le destin des hommes de Marc Delpoux a basculé à 10 minutes du terme, lorsque Parra réglait la mire pour porter le score à 25 - 22 en faveur des auvergnats, pendant que Jonathan Bousquet, à quelques kilomètres d'ici, plantait un essai assassin qui ramenait les oyonnaxiens dans les clous du bonus défensif.

À égalité de points au classement final (51), Oyonnax et Perpignan se sont départagés sur le total des points inscrits sur les deux confrontations. Vainqueurs 22 - 9 à l'aller, les hommes de Christophe Urios étaient tombés en terres catalanes, mais sur le score de 22 - 12. 3 points qui changent la destinée des deux équipes et qui envoient les "sang et or" à l'étage inférieur. Cruel.

Un choc pour tout le pays catalan, qui voit son club, champion de France en 2009, vice-champion en 2010, demi-finaliste de la Coupe d'Europe en 2011, couler. Grand ancien de la maison catalane, Jean-François Imbernon résume brièvement le naufrage du navire usapiste : « Je suis malheureux. On perd une partie du patrimoine catalan : il y a le Castillet, le clocher de Collioure, le Canigou et l'USAP ». L'ancien international, Jo Maso, qui a porté les couleurs "sang et or" pendant plusieurs saisons, évoque également son désarroi : « Je suis triste bien sûr. Ce maillot bleu azur, il nous colle à la peau ». Coordinateur des penyes de supporters, Claude Sanguignol renchérit et avoue que la ville est meurtrie par la descente de l'USAP : « La ville a la gueule de bois. Il y a plus grave dans la vie, mais pour nous c'est un drame. Ce matin (hier), ça ne parle que de ça dans les magasins, les boulangeries. Toute la vie d'un département est comme suspendue ». Ancien capitaine qui a mené les siens au titre en 2009, Nicolas Mas relate son abattement mais estime que ses ex-coéquipiers vont rebondir : « Mon club de coeur descend et ça fait mal pour mes amis. Je suis de tout coeur avec eux. Ils vont se remobiliser et revenir plus forts ». Passé à l'USAP de 2008 à 2012, Maxime Mermoz décrypte le noyau dur de cette relégation : « C'est triste Il y a deux ou trois ans, on n'imaginait pas le club dans cette position. Ils ont montré à un moment qu'ils pouvaient jouer quelque chose, mais entre les blessures de certains, le manque de communication et d'affinités en interne C'est triste, parce-que c'est un beau club avec beaucoup de supporters passionnés ». Adversaire du jour, l'ancien catalan Damien Chouly mentionne par la même la déroute majuscule de Perpignan, et avoue qu'il a ressenti beaucoup de peine à l'approche du coup de sifflet final : « La descente de Perpignan, je n'y ai pensé qu'en fin de match. Forcément, c'est triste. J'ai pensé à mes amis, aux gens que je connaissais là-bas, aux années que j'y ai passées. Mais c'est la loi du Top 14 : à la fin, deux équipes doivent descendre ».


Autopsie d'un échec cuisant 

Auteur d'un mercato ambitieux, dont le recrutement prometteur de l'ouvreur néo-international Camille Lopez, tout comme l'éclosion de Sofiane Guitoune en début de saison, le club de Perpignan entrevoyait les portes d'une hypothétique qualification. Si bien qu'à la 10e journée du championnat, les catalans pointaient à la cinquième place et pouvaient se permettre de rêver. Puis la machine s'est enrayée. La ligne de trois-quart fut décimée par la Coupe d'Europe, avec notamment les fins de saison prématurées de Lopez en décembre 2013, puis celle de Guitoune en janvier. Cette baisse de régime s'est manifestée par des contre-performances à domicile (trois défaites et un nul) et une série noire qui ne faisait qu'empirer (sept défaites consécutives toutes compétitions confondues). Depuis le début de l'année 2014, les catalans ne se sont imposés que par quatre reprises. Un dérapage inexorable.


La Pro D2, avec ou sans Delpoux ?

L'incertitude plane sur l'affaire Delpoux, et l'avenir du manager est encore flou. Une rupture de contrat semble délicate, étant donné que le club doit encore régler un différend financier avec l'un de ses prédécesseurs, Jacques Delmas. Néanmoins, le président François Rivière a annoncé qu'il y aurait "une profonde restructuration du club" et qu'il fallait "analyser et modifier ce qui n'allait pas". On voit mal comment Marc Delpoux ne pourrait pas être évincé dans les plus brefs délais. Côté effectif, Lopez n'a que l'embarras du choix (Clermont, Toulon, Racing), tandis que Guitoune devrait vraisemblablement rallier les rangs de l'UBB. Les deuxièmes-lignes Romain Taofifenua et Luke Charteris se sont respectivement engagés à Toulon et à Montpellier. Cependant, le mécène usapiste Rivière a déclaré que l'"on sera surpris par le nombre de joueurs qui vont rester". À suivre…

(Article rédigé par Keyvan Malavielle)
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